Les ECIM ne constituent pas un champ disciplinaire unifié au plan épistémologique. Historiquement divisées — dans la sphère Euro-Américaine — entre les sciences sociales, les sciences humaines et les lettres, les ECIM produisent des savoirs et des connaissances très variés, et ce, en fonction de visées épistémiques parfois très différentes. Mais à partir du moment où émergent des discours savants sur les ECIM et où ceux-ci s'institutionalisent, différents questionnements épistémologiques surgissent qui relèvent de la reproduction et de la légitimation de ces savoirs et de ces connaissances. Par exemple, comment distinguer les discours académiques en ECIM de ceux qui relèvent de la critique non universitaire (y compris de la critique sérieuse)? La pratique herméneutique y est-elle différente? Leurs visées sont-elles distinctes? Faut-il distinguer les types de connaissances et de savoirs qu'on y produit? À ce titre, l'essor de ce qu'on a appelé la "Théorie" à compter des années 70, puis de l'historiographie dans les années 80, semblent constituer des façons de distinguer et de légitimer certaines pratiques épistémiques des ECIM universitaires face aux autres discours sur le cinéma, dont ceux de la cinéphilie. Pourtant les ECIM se sont peu interrogées sur l'aspect proprement épistémologique qui marquent leur démarche: ses outils, ses concepts, les théories de la connaissance auxquelles elles se réfèrent, ses formes de rationalité.