Des sociologues et des spécialistes des sciences de l'éducation (p. ex., P. Bourdieu ou T. Becher) ont démontré que les disciplines académiques sont des espaces où se forment des identités, des "tribus académiques" pour utiliser l'expression de Becher. Ces travaux illustrent aussi comment la pratique d'une discipline académique a partie liée, voire même engendre des façons de voir et de concevoir le monde. Ces identités se déclinent de différentes façons. Par exemple, les traditions nationales des ECIM en France, aux États-Unis et au Japon sont très différentes. Ces différences touchent à la fois les lieux institutionnels où l'on pratique et dissémine les ECIM, l'organisation de ces lieux, les objets d'étude et la façon qu'on a de les concevoir. Ces questions sont distinctes des problèmes historiques et épistémologiques traités dans les axes 1 et 2, mais à l'évidence elles ne leur sont pas entièrement étrangères non plus: elles en offre un autre regard, orienté vers d'autres préoccupations qui s'apparentent plutôt à la sociologie et à l'anthropologie — voire à une approche "cultural studies" — d'un champ disciplinaire. En effet, tant l'histoire des institutions que les considérations épistémologiques sur les visées et les croyances d'arrière-plan participent des enjeux que soulèvent les questions d'identité disciplinaires et de traditions culturelles au sein des ECIM.